Mirages
J'ai lu qu'il s'agirait là d'impressionisme,
c'est une impression qui n'en vaut aucune
ou plutôt l'impression de nous éblouir troubler fasciner.
Dans le splendide isolement de l'atelier, Sylvie travaille sur le sens , sur les sens.
Sur le sens, le temps qui se raconte, les objets,
propos minuscules que l'on dit,
que l'on dicte
et qui font la toile que nous tissons,
dans laquelle parfois nous nous rejoignons
sens dessus dessous
ces portraits dans le temps,
le temps de l'écriture sur la surface,
le sens de l'écriture,
le temps des mots qui s'effacent dans le dessin.(the pillow book)
ces portraits nous renseignent sur nous-mêmes
nous qui en sommes là,
à ce point déréalisés de l'histoire
notre immobile, Sylvie le rend mobile,
il clignote,
miroite d'électriques mirages
Parcours.Sur la surface de pastel
fragiles jeux de signes,
ombres dures ou douces que notre oeil caresse.
Sur les portraits en gris, cristalline, l'écriture vibre, tinte,
crie au toucher
la partition, Sylvie l'écrit,
c'est à nous de la jouer
elle exige que nous nous risquions
bouts,
brins interrompus contre lesquels le silence rebondit
qu'est-ce que le silence sinon la respiration
ces messages marquent de graffitis serrés l'empreinte du passé
la disparition du mot
nous dit que la réhumanisation sera trés douce
nous sommes parmi ces lettres d'un alphabet,
qui marquent de graffitis
serrés ou déliés
l'empreinte d'une piste
comme un film de Rivette, le semeur de rébus
Les paysages de Sylvie, ne lui en déplaise, semblent sortis de l'univers de Peter Greenaway
(the Draughtsman's contract)
Voire de Stanley Kubrick (Barry Lindon)
Ou encore le parc de Blow up où l'on ne sait ce qui s'est vraiment passé
peut-être Sylvie y dissimule ses portraits
l'énigme de ce qu'elle veut bien nous montrer
et ce qu'elle garde caché
comme la rosée
qui ne trouve pas le temps de rouiller l'herbe du matin
le vert paysage,
le rouille du portrait
blanc, vert, gris, rouille
Que se passe-t'il dans un jardin anglais?
Que rencontre-t'on dans un jardin anglais?
l'illusion
un miroir
Alice en lice qui tisse les fils?
des leurres par lesquels nous nous laisserions prendre
tout comme
des oiseaux,
petits et gros?
"Uccellacci e uccellini". Pier Paolo Pasolini
Pas pour tromper la mort, mais pour nourrir la vie.
Michel Fourcade
http://michel-fourcade.com/